Pour moi avoir un blog que je gère moi est important, depuis longtemps, pour pas mal de raison à commencer par un besoin d'un espace pour sortir des idées de ma tête et partager des choses avec toute personne que ça pourrait aider.
Mais pourquoi un blog perso ? Pourquoi pas les réseaux sociaux, Medium ou même le blog de mon entreprise ?
Jeter une bouteille dans un océan dont les règles bougent tous les jours...
Ça fait pas mal de temps qu'on parle de Web 2.0, ou Web participatif. Les réseaux sociaux sont le sommet de cette mouvance et ont permis à la masse des utilisateurs de pousser du contenu, même de se créer une certaine notoriété sans avoir quoi que ce soit à gérer côté plateforme : Facebook, LinkedIn, Instagram, Youtube, Tiktok, etc. gèrent tout, que le contenu soit diffusé, qu'il y ait une application, que les serveurs fonctionnent, même rémunèrent les créateurs de contenu (une grosse poignée de cacahuètes environ chaque mois pour les personnes les plus visibles, ne rêvez pas), c'est facile de publier, alors pourquoi pas ?
Un problème des réseaux sociaux c'est la masse d'utilisateur. Ça peut semble cool mais ça ne l'est pas. Chaque post c'est une minuscule bouteille qu'on jette dans un océan gigantesque déjà saturé de bouteille qui ne sont vus par presque personne parce qu'il y a déjà quelques grosses bouteilles qui cachent les autres. C'est le sacro-saint Algorithme qui décide si vous avez droit à une grosse bouteille ou une minuscule. Peut-être aussi que vos contacts directs les verront, peut-être pas, mystère…
Dans le même temps les réseaux sociaux vont vous imposer un certain format de contenu (photo pour Instagram, vidéo pour Youtube, vidéo verticale pour Tiktok, etc.), la durée / nombre de caractères (1min pour Tiktok à la base, 140 puis 280 caractères pour Twitter/X, etc.) qui vous permettra pas forcément de vous exprimer correctement. Tout ce contenu est souvent masqué à l'indexation des moteurs de recherche, donc c'est très difficile de retrouver votre contenu sans avoir un compte sur le réseau social sur lequel vous publiez ; et même en ayant un compte, ça reste souvent peu pratique de parcourir le contenu d'une personne (sauf sur Instgram, Youtube et Tiktok qui maintiennent un historique bien propre, mais avec des formats visuels qui imposent d'autres contraintes). L'algorithme des réseaux sociaux impliquent généralement une limite dans le temps implicite de vos publications (Twitter c'est quelques jours grand maximum, LinkedIn c'est 1 à 2 semaines, etc.), au-delà de ce temps, votre publication ne sera plus proposée aux utilisateurs.
Même s'il n'y a pas de règle là-dessus, les réseaux sociaux sont majoritairement soumis au droit américain (Facebook, Instagram, Youtube, LinkedIn, etc.) ou chinois (Tiktok). Ce n'est pas forcément grave a proprement parlé, mais ça veut dire que vous devez être en conformité avec le droit américain / chinois sur au moins certains aspects du fait que ces plateformes doivent respecter la législation de leur pays d'origine. Ça peut être restrictif, et ça se ressent sur le contenu qu'on peut poster sur les réseaux sociaux.
Point un peu plus à la marge mais qui a un impact quand même : les chiffres. Peu importe le réseau social, vous aurez accès à des métriques sur vos publications : nombre d'impression / vue, nombre de like / favori / réaction, nombre de clics, nombre de commentaires, etc. On peut vite devenir plus intéressé par ces chiffres creux qu'au contenu lui-même, et ça devient vite un piège à mon avis.
Pour finir j'ai aussi un questionnement sur la propriété du contenu : autant tout mon contenu est en Creative Common (CC BY SA = vous pouvez reprendre mon contenu, le modifier, mais vous devez me citer et partager sous la même licence), autant je souhaite garder un peu la main sur mon contenu, pour pouvoir justement garantir qu'il reste accessible. Sans même parler de licence : avec les réseaux sociaux c'est compliqué de garder une copie exploitable du contenu, donc si demain ils ferment c'est fini pour ce contenu…
Petit réseau, gros contenu…
Une option qui est souvent prise, y compris par des organisations, c'est de passer par une plateforme de blog comme Medium ou Dev.to.
Comme pour les réseaux sociaux : vous créez un compte, vous êtes prêt à publier. Par contre comme les réseaux sociaux, votre post sera invisible si vous ne faites rien car énormément de gens publient sur ces plateformes, donc on retombe la plupart des problèmes des réseaux sociaux... La plus grosse différence c'est que le contenu étant plus gros, chaque visiteur verra moins de contenu (car il passe plus de temps sur chaque contenu) donc malgré le fait qu'on aura souvent moins de monde au global sur la plateforme, on est pas forcément plus visible.
Je trouve ces plateformes intéressantes quand même du fait qu'elle permette de se confronter à la production de contenu dans des conditions proches d'un blog perso sans avoir aucune configuration à faire, aucune mise en place technique, aucun choix à faire, juste produire le contenu et appuyer sur "Publier". Par contre vous n'aurez pas une expérience très personnalisée : la plateforme fournie un certain nombre d'outil, vous prenez ou pas, mais vous n'avez que rarement le choix de personnaliser vraiment. Encore une fois, ce n'est pas forcément grave, quand vous utilisez ce genre de plateforme, votre but c'est de publier, et en ce sens le contrat est rempli.
Ce qui m'embête beaucoup plus avec ce genre de plateforme c'est plutôt les changements de règles et souvent aussi l'export. Quand vous vous inscrivez sur une plateforme, vous acceptez les règles de celle-ci à l'instant T, c'est normal. Mais la plateforme se réserve le droit de changer les règles du jour au lendemain, sans vous demander votre avis. Prenons l'exemple de Medium qui au fil du temps a restreint le nombre de page lu par jour, plus ou moins obligé à avoir un compte pour lire le contenu (sinon la plupart du temps on ne voit que le début de l'article), imposé des paywalls, etc. Chaque changement a pour moi rendu le contenu de Medium de moins en moins accessible à la masse. Aujourd'hui, sauf pour des blogs Medium payant (les auteurs paient pour un espace sans restriction pour les lecteurs), si je vois que le contenu est sur Medium, je ne vais plus lire essayer d'aller voir, l'expérience est trop mauvaise en tant que lecteur…
Être porté par sa boite
Une option qui existe aussi c'est de profiter du blog de son entreprise pour publier du contenu.
C'est une pratique qui a pas mal d'intérêts. Déjà on est souvent accompagné à faire ça par d'autres personnes qui publient, donc on a pas besoin de trop chercher comment ça fonctionne, on peut avoir de l'aide pour rédiger, de l'aide pour la relecture, de l'aide pour diffuser.
Mais publier sur un blog d'entreprise c'est une vraie réflexion à mon sens. Déjà pour moi ça dépend énormément de qui paie le temps pour écrire ? (Si c'est du temps personnel, vous investissez du temps à vous en plus de vos journées de travail pour votre entreprise, c'est pas forcément grave mais c'est un choix qui doit être fait en pleine conscience à mon avis ; si c'est du temps dédié sur vos journées de travail, pour moi il n'y a pas de sujet.) Il y a aussi pas mal de question : Que cherche l'entreprise via la création de ce blog ? Est-ce que ça correspond bien à ce que vous voulez vous ? Est-ce que le blog va vivre dans le temps ? Est-ce qu'un changement de politique/direction peut tuer le blog ? (la réponse est globalement toujours oui ici) Est-ce que pour vous c'est un problème qu'il puisse disparaitre avec votre contenu ? Qui est propriétaire du contenu ? (vous avez rédigé mais sur la plateforme de l'entreprise, dans le cadre de l'entreprise, donc contractuellement j'aurai tendance à dire que par défaut c'est l'entreprise) Que se passe-t-il quand vous partirez de l'entreprise ? Le contenu reste en ligne ? Supprimé ? Vous pouvez prendre une copie ? Vous allez continuer à publier ? Si oui, où ?
Pour moi un blog d'entreprise pose plus de question qu'apporte de réponse mais c'est le regard de quelqu'un qui a un blog depuis bien plus longtemps que mon appartenance à mon entreprise actuelle. Je ne vous dirais pas de publier ou ne pas publier sur le blog de votre entreprise, faite comme bon semble, c'est votre contenu, juste posez-vous des questions.
Je peux citer au moins deux exemples de blog d'entreprise qui fonctionnent bien si vous êtes curieux : le blog Octo (qui est là depuis assez longtemps déjà) et le blog SFEIR.
It's My Space !
Avoir un blog perso qu'on paie un espace Sass (par exemple Ghost ou WordPress) ou qu'on héberge nous-mêmes (ou self-host, sur un serveur dédié ou en cloud mais en gérant le déploiement), c'est avoir une certaine liberté. En self-host on gagne généralement un bon contrôle sur le contenu stocké, au prix de la maintenance (mise à jour de la stack (OS, packages, CMS, etc.), migrations éventuelles, configuration réseaux, backup).
Quand on part sur une solution complètement maison, on gagne encore plus de souplesse, car au lieu de s'adapter au fonctionnement du CMS qu'on a choisi, on construit l'outil qui correspond à nos besoins et la manière dont on veut travailler. Par contre je ne peux que vous conseiller de ne pas commencer à bloguer avec une plateforme que vous aurez construite vous-même, car vous allez surement vous perdre dans la construction du blog sans jamais produire de contenu alors que le but d'origine était bien de produire du contenu !
Avoir un blog personnel ça vous libère de la plupart des contraintes des autres plateformes, sauf des restrictions légales. Par exemple, vous être responsable de ce qui est visible sur votre blog, y compris dans les commentaires, donc vous devez faire de la modération si vous avez une section commentaire.
Est-ce qu'on peut vraiment se passer des réseaux sociaux ?
Vous avez mis votre blog en ligne, il est tout neuf, vous avez publié votre premier article, c'est bien. Maintenant : qui va le lire ?
À priori, en l'état : personne.
Quand vous mettez du contenu en ligne, vous le rendez accessible au monde, y compris aux bots (moteur de recherche (Google, Bing, etc.) mais aussi IA (OpenAI, Anthropic, Mistral, etc.)), donc eux pourraient remonter votre contenu mais en fonction du sujet c'est probable ou non.
Donc on fait comment ?
La première option c'est partager dans des petits cercles de connaissance : un canal d'entreprise, vos amis, les collègues de votre équipe, votre association, etc. Ça peut marcher, ça peut correspondre à ce que vous voulez, c'est à vous de voir.
Et maintenant si vous visez un partage plus large comme c'est mon cas ? Comment je peux avoir une chance d'atteindre un développeur qui travaille dans une startup à Nice alors que je n'y connais personne, que je n'y ai jamais mis les pieds, et que j'ai pas prévu d'y aller pour aller toquer à toutes les portes de startup avec un QRCode qui pointe vers mon blog en mode témoins de Jehovah ("avez vous déjà entendu parler de … ? 🤡") ?
Vous l'avez sentis venir : il faut passer par les plateformes sociales.
Actuellement mon process est simple : j'écris des articles au fil de l'eau, quand ils sont prêts je les programme pour 7h00 le mardi matin suivant (au sens, le prochaine mardi matin où il n'y a pas déjà un article programmé), puis je programme un post sur LinkedIn et un sur Twitter/X à 8h00 pour promouvoir la sortie de l'article. En théorie j'avais prévu de cross-publier aussi sur Dev.to mais ça ne fonctionne pas correctement avec la configuration que j'ai actuellement, donc j'ai abandonné (j'y reviendrais surement prochainement).
Je suis toujours exposé aux problèmes de réseaux sociaux : l'algorithme, la haine gratuite (que je ne subis pas aujourd'hui), l'absence de pérennité du contenu, etc. Essentiellement mitigé par le fait que j'ai mon blog à moi et donc que je possède la copie originale du contenu. Mais je profite aussi des avantages des réseaux sociaux : j'ai des retours sur mes articles, je découvre des nouvelles personnes, il m'arrive d'aller en conférence ou dans une nouvelle mission et que je rencontre des gens qui me connaissent déjà à travers mon blog.
Conclusion
Je ne sais pas si un article comme ça peut vous aider, vous motiver ou même vous démotiver. Je ne sais même pas vraiment si ça peut vous intéresser car c'est assez meta ce genre de sujet. En tout cas c'est quelque chose qui me trainait en tête depuis pas mal de temps, donc je suis content d'avoir enfin pris le temps de poser tout ça !
N'hésitez pas à me contacter si vous avez des remarques ou même si vous avez un avis sur le sujet à me partager
Sources :
- Pourquoi j'ai arrêté de partager mes articles sur les réseaux sociaux
- Presque 15 ans de presque blogging
Crédit photo : Générée via Mistral AI avec le prompt suivant :
"A 1-bit pixel art illustration (strictly black and white, no grayscale, no anti-aliasing) in a 16x16 tile style (256x256 pixels resolution), depicting a satirical battle between a lone blog and the social media algorithm.
Foreground:
- A unique glass bottle (slightly chipped at the top-right, with a cork sealed by a 'CC BY-SA' wax stamp) floats near the center.
- Inside: A rolled parchment with pixel text 'MY BLOG 2025' in a 5x5 pixel font, plus micro-text 'CTRL+C CTRL+V NOT ALLOWED' along the edge.
- The bottle has a diagonal crack (2 pixels wide) on its left side and emits a dithered glow (2x2 checkerboard pattern).
- An anchor chain (3 pixels wide, 4 links visible) connects it to a self-hosted server at the bottom (a 16x16 pixel Raspberry Pi with 'GHOST' and 'HUGO' engraved in 1-bit font).
- The chain’s last link is a tiny plunger, hinting at resistance.
Midground:
- An ocean of identical bottles (simpler design: no chips, no glow) arranged in a 5x5 grid, sinking into the abyss.
- Some bottles release broken icons: a cracked Twitter bird (4x4 pixels), a faded LinkedIn briefcase (3x3), and a TikTok note with a '404' error.
- The water uses horizontal wave lines (2 pixels high, spaced by 1 pixel) with submerged logo debris (Instagram camera, YouTube play button).
Background:
A giant algorithm monster (32x32 pixels, inspired by 8-bit RPG bosses) dominates the right side:
- Body: A mix of gears (4x4 pixels each), binary code blocks (0101), and a single red eye (dithered with a 2x2 pattern to simulate red).
- Arms: Two tentacles made of thumbs-up icons (3x3 pixels) and dollar signs ($), actively crushing bottles.
- Mouth: A black hole spiral (8x8 pixels) labeled 'VIRAL' in 3x3 pixel font, sucking in 3 bottles.
- The monster stands on a platform of 'Terms & Conditions' scrolls (stacked like 8-bit bricks, with tiny 'EULA' text).
- Health bar (top-right): 'ALGORITHM Lvl.99' with a full 10-pixel HP bar (green dithering for 'invincible' effect).
Algorithm minions (8x8 pixels each) patrol the ocean:
- Design: Gear-shaped bodies with a single eye and platform names on their backs ('INSTA', 'TIK', 'LINKD' in 2x2 pixels).
- Movement: Positioned in a zigzag pattern (3 minions total), pushing bottles deeper with their pixel hands.
- One minion holds a 'BOOST POST' sign (6x4 pixels) like a spear.
Details:
- Top-left: A pixel art lighthouse (16x16 pixels) shines a dithered light beam (diagonal lines) toward the unique bottle.
- Top-right: Torn flags (USA 🇺🇸 and China 🇨🇳, 8x5 pixels each) caught in jagged wind lines (1-pixel-wide zigzags).
- Sky: A checkerboard pattern (2x2 pixels) symbolizing the broken internet, with a hidden 'HTTP 500' error in the clouds.
Text/Easter eggs:
- On the self-hosted server: 'LAST BACKUP: TODAY' in 4x4 pixel font.
- One sinking bottle has a speech bubble: 'WHY NO ONE SEES ME?' (6x8 pixels, comic-style).
- The monster’s health bar flickers (alternating 1-pixel gaps to simulate glitching).
Style:
- Strict 1-bit, inspired by 'La-Mulana' (MSX) and retro pixel art games.
- No outlines: Pure black shapes on white background. Depth created via object overlapping.
- Dithering only for the bottle’s glow, the monster’s eye, and light beams.
Mood:
- A David vs. Goliath scene where the bottle (your blog) is the underdog.
- Dark humor: The monster is overpowered, but the plunger/anchor chain suggests resistance is possible.
- Game mechanics hint: The lighthouse and plunger imply 'tools to fight back' (self-hosting, backups).
Technical notes:
- For AI generation, use: '--style pixel-art --chaos 20 --no blur'.
- Focus on clean 1-bit aesthetics, with no grayscale or anti-aliasing.
- Ensure all text is legible at 256x256 resolution."